9.
Nom véritable

 

Je m’excuse d’avoir tant tardé à répondre à tes deux dernières missives. J’étais souffrant. La fièvre typhoïde a frappé notre communauté, et nous avons perdu deux des nôtres, frère Sean et frère Paul Marcus. Que Dieu prenne leur âme en pitié.

Je dois moi-même mon triste salut à Nuala Riordan, qui m’a ramené d’entre les morts non pas une, mais maintes fois. Avec la voix fluette d’un nourrisson, j’ai imploré ce suppôt de Satan de s’en aller. Elle a ri d’une voix cristalline, pure comme un ruisseau de montagne. « Tu ne peux me croire mauvaise, m’a-t-elle dit. En vérité, nous autres de Belwicket, nous œuvrons davantage pour le bien que vous, cloîtrés que vous êtes dans votre sombre abbaye. »

Malgré mon délire, je lui ai répété que son commerce était l’instrument du diable. Elle s’est penchée si près de moi que ses cheveux noirs ont glissé sur mon torse. Dans un sourire, elle m’a rétorqué : « Notre commerce ne concerne que les nécessiteux. Mes ancêtres se préoccupaient déjà de récolter le savoir quand ton peuple combattait encore dans les croisades. »

J’ai cru me noyer. Aujourd’hui, mes idées sont plus claires et je ne sais plus si j’ai rêvé cette conversation. Prie pour moi, frère Colin, je t’en supplie.

 

Frère Sinestus Tor, à Colin, août 1768

 

 

* * *

 

 

Sans surprise, en cours d’histoire, M. Powell m’a rendu ma copie barrée d’un F. Le premier F de toute ma scolarité. J’étais si gênée que mon estomac s’est noué.

— Morgan, tu pourras venir me voir à la fin de l’heure ? m’a demandé le professeur.

J’ai hoché la tête, rouge de honte.

Le moment venu, j’ai attendu que tous les autres élèves soient partis pour m’approcher de son bureau. M. Powell m’a regardée par-dessus ses lunettes dorées.

— Qu’est-ce qui s’est passé, Morgan ? m’a-t-il lancé sans préambule.

— J’avais oublié que c’était ce jour-là, ai-je avoué.

— Ah ? Pourtant, même sans réviser, tu aurais dû avoir retenu suffisamment de nos cours pour t’en tirer avec un D. Ce devoir montre que tu n’as pratiquement rien écouté de ce que nous avons étudié depuis les vacances de Noël. Je ne comprends pas.

Ce sermon était un véritable calvaire. Même si je détestais l’histoire, j’avais toujours apprécié M. Powell, car il se donnait du mal pour rendre ses cours intéressants.

— C’est juste que… qu’il s’est passé beaucoup de choses, ces derniers temps.

— Morgan, je vais être franc avec toi.

Je déteste quand les profs disent ça…

— Tu as toujours été une élève brillante. Pourtant, mes collègues et moi, nous avons remarqué que tes notes ont baissé ce trimestre.

Il s’est tu une seconde, comme s’il attendait une explication. Je ne savais pas quoi répondre.

— Morgan, a-t-il repris, j’ai entendu des… rumeurs.

— Des rumeurs ? À propos de quoi ?

— De la Wicca. Certains élèves se réuniraient pour former des cercles de sorcellerie et accomplir je ne sais quels rites.

Il paraissait aussi mal à l’aise que moi. Comment avait-il pu en entendre parler ? J’ai aussitôt repensé à ceux qui avaient assisté aux tout premiers cercles de Cal. Ils étaient partis – de leur plein gré ou non – parce que cela ne leur convenait pas. Les rumeurs venaient sans doute d’eux.

— Tu sais quelque chose ?

— Eh bien, je pratique la Wicca.

Attention, Morgan s’affirme.

Mon aveu l’a visiblement déconcerté. Il a pianoté un instant sur son bureau avant de reprendre :

— Est-ce que cela interfère avec ton travail scolaire ?

— Oui, ai-je murmuré.

La vie au lycée ne me semblait plus du tout surréaliste, au contraire. La dure réalité venait de me rattraper brutalement. J’allais redoubler mon année si je ne me reprenais pas en main très vite.

— Que comptes-tu faire pour y remédier ?

— Travailler davantage ?

— Est-ce que ce sera suffisant ?

— Je pourrais faire des devoirs en plus ? ai-je suggéré.

— Je vais y réfléchir.

Il a refermé son livre, et son expression m’a fait comprendre que j’avais épuisé sa patience.

— Je suis désolée.

— Morgan, tu n’as que dix-sept ans. Tu es extrêmement intelligente. Tu pourrais faire ce que tu veux de ta vie. Ne la gâche pas si jeune.

Il s’est levé et a quitté la classe comme s’il était personnellement blessé par ma note médiocre. Je me sentais très mal. La pression devenait insupportable, de tous les côtés. Il me faudrait pourtant relever la tête et faire du mieux que je pouvais. Le problème étant que cela ne suffirait peut-être pas…

 

* * *

 

— Morgan !

Killian m’attendait sur son banc attitré. Au même instant, la voix de Mary K. a retenti derrière moi. Mon estomac s’est noué : je ne voulais surtout pas qu’ils fassent connaissance. J’ai aussitôt tourné le dos à Killian pour aller vers ma sœur.

— Je ne t’ai pas vue ce matin, a-t-elle déclaré. Laisse-moi deviner, tu as du mal à te lever quand il n’y a personne pour te tirer du lit ?

— Tu me connais trop bien. Comment ça se passe, chez Jaycee ?

— Ça va, m’a-t-elle répondu d’un ton qui ne m’a pas convaincue. Jaycee a une nouvelle copine. Tu la connais, c’est Alisa. Alisa Soto. Et un nouveau mec. Michael Pulaski.

— Elle a l’air bien occupée.

— Oui, a-t-elle soupiré. Et moi, je n’ai pas vraiment l’habitude de la partager avec d’autres. Alisa pratique la Wicca, comme toi, et je n’ai pas envie que Jaycee s’y mette aussi. Sans compter que c’est dur de la voir roucouler de bonheur avec Michael après…

— Oui. Je comprends. Tu comptes en parler à Jaycee ?

— Non. Cela ne servirait à rien et elle me prendrait pour une folle possessive. En tout cas, comme c’est vendredi, on a prévu une virée shopping ce soir. Alisa ne peut pas venir et Michael a entraînement de hockey.

— Tant mieux. Amusez-vous bien. On ne se verra pas demain, puisqu’il n’y a pas cours, mais je t’appellerai, d’accord ?

Elle a acquiescé en m’adressant un de ses petits sourires craquants et j’ai éprouvé une bouffée d’amour pour elle. Ma sœur.

J’ai attendu qu’elle ait rejoint ses copines pour me diriger vers Killian et les autres. Raven était pratiquement assise sur ses genoux. Je me suis demandé mesquinement comment elle faisait pour ne pas attraper une pneumonie avec un décolleté pareil.

— Salut ! m’a lancé Killian. J’ai trouvé un truc incroyable, que je voulais vous montrer à tous. On a assez de voitures ?

Il n’en a pas fallu davantage pour que la vague Killian nous emporte encore une fois dans son sillage. Un quart d’heure plus tard, nous étions presque arrivés au vieux cimetière méthodiste. Qu’est-ce que Killian avait bien pu y découvrir ?

— Nous sommes déjà venus, l’a informé Matt lorsque nous nous sommes arrêtés devant l’église abandonnée.

— Ah bon ? a rétorqué Killian, visiblement déçu. Alors, vous avez senti le puits de pouvoir ?

— Quel puits de pouvoir ? ai-je demandé, ce qui lui a aussitôt rendu son sourire.

Il nous a entraînés dans les sous-bois qui nous séparaient du cimetière.

— Vous avez entendu parler des courants telluriques ?

Devant notre expression perplexe, il a poursuivi :

— Depuis toujours, la Terre est parcourue d’anciennes lignes de pouvoir – un peu comme les coutures sur un ballon. Lorsqu’un sorcier se tient sur l’une de ces lignes, il devient plus puissant. Et, chaque fois que deux lignes ou plus se croisent, le pouvoir généré est plus grand encore. Ici, dans ce cimetière, se trouve un de ces puits. Il est si puissant que quatre ou cinq lignes doivent se chevaucher ici.

J’étais un peu démoralisée à l’idée que le fêtard irresponsable qui me servait de demi-frère en sache tellement plus que moi. Nous nous étions rassemblés devant le sarcophage de pierre qui nous avait servi d’autel pour Samhain. On pouvait y lire : « Jacob Henry Moore, 1845-1871 ».

— Il est juste là ! s’est écrié Killian.

Bree a croisé mon regard. Les autres membres de Kithic n’ont rien dit. Cal nous avait emmenés ici plusieurs fois. À l’évidence, il savait qu’il s’agissait d’un puits de pouvoir et s’en était servi à son avantage. Sans que nous soupçonnions quoi que ce soit.

Une autre idée m’a frappée : Hunter lui aussi devait le connaître. Il avait dû le sentir lors de son deuxième affrontement avec Cal, ici même. Et cela expliquait peut-être que mon sort d’entrave ait si bien fonctionné lorsque je les avais empêchés de se battre. Pourtant, Hunter ne m’en avait jamais parlé.

— Et… à quoi ça sert ? a demandé Bree.

— À booster notre magye à bloc, ce qui est bien utile pour un sort comme celui-là. Regardez !

Lorsqu’il a tendu le bras gauche, nous avons vu qu’il portait un épais gant en daim, par-dessus lequel il a tiré la manche de sa veste en tweed. Puis il a commencé à chanter dans le crépuscule naissant – un chant étrange, profane, qu’il interprétait d’une voix différente, presque inhumaine. Cette complainte était aussi belle que terrifiante. Les notes montaient et descendaient, gonflaient et s’atténuaient, tandis qu’il répétait sans cesse le même couplet en observant le ciel. Nous avons levé la tête à notre tour.

J’ai alors distingué un oiseau gigantesque qui tournoyait dans la nuit tombante – chacune de ses spirales gracieuses le rapprochait de nous malgré lui.

— Incroyable… a soufflé Ethan, et Sharon s’est blottie contre lui.

Il s’agissait d’une buse à queue rousse – rapace si grand qu’il peut saisir un petit chien entre ses serres. Plongeant et virant de bord au-dessus de nous, il descendait vers notre groupe comme un cerf-volant dont on rembobinerait les fils.

Nous avons tous reculé lorsque le puissant prédateur s’est posé sur le bras de Killian. Ce n’était pas un rapace de foire dont on avait rogné les ailes pour l’empêcher de s’envoler, mais un spécimen tel que la nature l’avait engendré, une machine à tuer aux yeux d’or liquide et au bec conçu pour éventrer les lapins. Ses serres agrippaient l’avant-bras de Killian. Si ce dernier avait mal, il n’en laissait rien voir.

— Comme il est beau, a murmuré Jenna, émerveillée.

L’oiseau, visiblement nerveux et apeuré, ne comprenait pas ce qu’il faisait là. Cela allait à l’encontre de sa volonté, de sa nature même. L’odeur de sa peur me parvenait par bouffées âcres où transparaissaient aussi sa colère et son humiliation.

— Laisse-le partir, ai-je ordonné à travers mes dents serrées.

Killian m’a dévisagée avec stupeur. Puis il a prononcé quelques mots et, aussitôt, comme libérée d’une cage, la buse a pris son essor. Ses ailes démesurées ont battu l’air dans un bruit d’hélicoptère. Quelques secondes plus tard, elle n’était plus qu’un point sombre dans le ciel.

— Tu lui as fait vivre un véritable calvaire, me suis-je indignée. Elle était morte de peur.

— Qu’est-ce que tu en sais ?

— Je l’ai senti ! Et toi aussi, j’en suis sûre.

— Comment t’as fait ça ? nous a coupés Raven.

Killian a pivoté brusquement vers elle, comme s’il se souvenait subitement qu’il avait un public.

— Je connais son nom véritable. Je l’ai invoqué dans ma psalmodie. Tous les êtres humains, toutes les créations de la nature – animales, végétales ou minérales – ont reçu un nom véritable. Lorsqu’on connaît leur nom, on les possède.

On les « possède » ? ai-je répété mentalement, éberluée. Il y avait une différence entre posséder un cristal, ou même une plante, et posséder un être humain. Je me suis demandé quel était mon nom véritable. J’ai frissonné en pensant à ce qui se produirait si quelqu’un le découvrait. S’il y avait une chose que j’avais apprise au cours de ces derniers mois, c’était que de nombreux sorciers ne demandaient qu’à me posséder, moi et mon pouvoir.

— Est-ce que quelqu’un d’autre connaît ton nom véritable ? a demandé Robbie à Killian. Tes parents, peut-être ?

— Plutôt mourir ! Ils auraient alors un contrôle total sur moi. Les sorciers de sang apprennent leur nom véritable lors de leur initiation, mais ne le révèlent à personne.

Il ne souriait plus du tout et ses traits s’étaient fermés.

— Il est tard. On ferait mieux de rentrer, a-t-il soupiré en jetant un ultime coup d’œil vers le ciel.

Tandis que nous regagnions les voitures, j’ai repensé à la prouesse de Killian. Pour frimer, il avait forcé un être vivant à agir contre sa nature. Si tous les sorciers étaient comme lui, ce serait un désastre. Je commençais enfin à comprendre l’utilité du Conseil.

J’avais presque atteint Das Boot lorsque Killian m’a prise doucement par le bras. Il s’est penché pour me chuchoter au creux de l’oreille :

— À propos de parents… J’ai eu des nouvelles de papa. Il est en route.

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